Succès « Les Bodin’s ont le bon sens des gens de la terre »
Ils ne s’attendaient pas à un tel succès. Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet ont dépassé le million d’entrées au cinéma avec leur film Les Bodin’s en Thaïlande. « Preuve en est que l’on peut atteindre ses rêves même en milieu rural », défend le duo comique.
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Vos deux premiers films sont sortis en 2008 et 2010. Pourquoi avoir autant attendu avant de revenir au cinéma ?
Jean-Christian Fraiscinet : Nous avons enregistré 76 000 puis 102 000 entrées pour nos deux premiers films réalisés avec très peu de moyens. Amélie au pays des Bodin’s a ainsi été classé « deuxième film français le plus rentable » derrière Bienvenue chez les Chti’s qui, à une autre échelle, a fait plus de 20 millions d’entrées (avec un budget de 11 millions d’euros). Depuis 2010, nous attendions d’être plus à l’aise. Nous avons donc beaucoup joué au théâtre, notre notoriété a grandi. Et l’opportunité de faire du cinéma s’est à nouveau présentée.
Ça n’est pas commun de débuter une comédie sur une scène aussi difficile que celle de Christian tentant de mettre fin à ses jours. Pourquoi ce choix ?
Vincent Dubois : Nous sommes avant tout sensibles au sujet du mal-être en agriculture. Auteurs du scénario, nous avions aussi à cœur de faire sortir nos deux personnages de leur ferme. « Comment dépayser un paysan ? » : c’est le thème central du film qui les emmène en Thaïlande.
Avez-vous un lien au monde agricole ?
J-CF : Nous vivons dans les villages ruraux où nous sommes nés, en Indre et en Indre-et-Loire. Nos copains d’enfance sont agriculteurs. Nous évoluons au milieu de fermes.
VD : Pour mieux comprendre d’où nous venons, sachez que, dans mon village, je suis connu non pas parce que je passe à la télévision, mais parce que je suis le fils de Robert, l’ancien facteur…
Vous a-t-on déjà reproché de véhiculer une image disons « péquenaude » du monde paysan ?
J-CF : Ça nous est arrivé, mais c’est rare et un peu agaçant en réalité. Nos personnages sont des caricatures. S’identifier à leur physique démontre bien qu’il y a un souci.
VD : Les « vraies » personnes du monde agricole rient de nos histoires. C’est un signe de bonne santé morale que d’avoir un peu de recul sur soi. Dès le départ, au moment où nous avons fait « naître » nos personnages, nous avons eu à cœur de leur prêter « le bon sens des gens de la terre ». C’est très important pour nous. Ce bon sens se retrouve autant à la campagne qu’à la ville. C’est celui des petites gens.
Vous venez de dépasser le million d’entrées au cinéma. Votre spectacle Grandeur nature est aussi un succès. Quel est votre secret ?
VD : C’est tout d’abord une immense fierté. Cela nous fait plaisir que des familles, rassemblant trois voire quatre générations, viennent nous voir. Il n’existe pas de secret. Le ciel a été clément avec nous, notre réussite a été très progressive. Nous sommes passés d’une petite salle des fêtes aux zéniths en trente ans. Ça nous a mis à l’abri du statut de star. De fait, nos relations avec les gens ne relèvent pas de l’idolâtrie. Nos liens sont sains et durables.
Aviez-vous rêvé d’un tel succès enfant ?
J-CF : À 10 ans, je faisais de la figuration dans un petit spectacle amateur de mon village. Mais comme personne n’était du métier dans ma famille, je me disais que c’était pour les autres. J’ai quand même gardé un petit espoir… sans trop y croire. Le fait de rencontrer Vincent, qui avait déjà créé son personnage de Maria, m’a permis de revenir à mon rêve. Et de vivre de mon métier, même en milieu rural. Au contraire, à l’écoute d’amis comédiens parisiens, ça a l’air parfois plus simple pour nous.
VD : À 12 ans, je revois mon père, facteur, distribuant le courrier. Toute sa vie, il a fait plaisir aux autres. C’est ce dont je rêvais moi aussi, enfant. Je crois que je peux dire que j’y suis parvenu.
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